Comment allier permaculture, produits de qualité, patrimoines culinaire et culturel au soutien des droits économiques des femmes du monde rural ? Sarah Lalou, 38 ans, a trouvé une solution qu’elle résume en un mot : Doura. Doura, qui signifie ’’tour’’ en arabe algérien. « Cela fait référence aux voyages que j’entreprends pour aller à la rencontre des femmes à travers le pays. C’est aussi l’économie circulaire, que je conçois très courte, avec des femmes qui cultivent, transforment leurs produits selon des techniques traditionnelles et les vendent pour en tirer un profit substantiel. J’apprends aussi les techniques, l’idée étant de documenter toutes ces connaissances pour préserver la mémoire collective de nos aînées », explique-t-elle.
Sarah semble avoir eu plusieurs vies. Après des études en hôtellerie à Alger, elle travaille comme coordinatrice aux opérations aéroportuaires pour la compagnie algérienne, Air Algérie, puis pour un groupe international. Elle voyage ensuite en Asie et en Europe pour se former aux soins du corps afin d’ouvrir un SPA sur les hauteurs de la capitale. « Cette expérience n’a duré qu’une année », regrette-t-elle. Mais Sarah se cherche encore, après un passage à Oran, ville d’origine de sa mère, elle regagne Alger. Elle y rejoint une association qui vient en aide aux migrants sub-sahariens. C’est là qu’elle prend conscience de l’effet de la terre.
« Durant la période post-Covid, j’ai eu l’idée de relancer un potager pour les membres de l’association. Une dame originaire du Cameroun qui souffrait de troubles psychiatriques avait été chargée du petit jardin. Un jour, en arrivant au travail, j’ai vu cette femme allongée sous un arbre en train de contempler le ciel. Elle paraissait calme et sereine. En réalité, le travail de la terre l’avait complètement transformée. Elle avait avoué à sa psychologue qu’elle ressentait un réel bien-être en faisant du jardinage, une activité qu’elle pratiquait dans son village d’origine. Cette expérience m’a donné l’idée de lancer une formation en permaculture pour les membres de l’association. Pour moi ça a été le déclic : j’ai découvert que j’aimais travailler la terre alors que je ne l’avais jamais fait auparavant », raconte-t-elle.
Depuis, l’élément terre guide le parcours personnel et professionnel de Sarah. Après une période de chômage, elle fait connaissance avec une femme du village de Thyzza, dans la région de Boumerdès, à l’est d’Alger. Cette dernière a cultivé son lopin de terre pendant des décennies. « Elle m’a raconté comment elle a pu faire vivre sa famille en produisant des fruits et des légumes qu’elle vendait ensuite dans une petite échoppe. Elle perpétuait une tradition agricole qui remonte à la nuit des temps puisqu’elle utilisait les graines issues de ses cultures. C’est grâce à elle que j’ai compris la nécessité de préserver le patrimoine. Compris aussi que ce défi est avant tout celui des femmes rurales ».
Pendant deux années, Sarah a eu l’opportunité de cultiver la terre que cette vieille villageoise a mis à sa disposition. « Ce travail m’a aidée sur le plan personnel, il m’a donné une énergie incroyable », reconnaît-elle. Sarah poursuit ses recherches, elle veut mettre en valeur les productions d’agricultrices. Début 2025, elle se rend à Touggourt, ville du sud-est algérien, pour rencontrer des femmes qui cultivent des fruits et légumes dans les palmeraies. « Je suis arrivée au moment de la récolte de variétés locales de piments et de carottes. J’ai assisté à la cueillette du pourpier, une plante appelée Bendrag par les habitants de la région, qui sert à agrémenter certains plats comme le couscous. Elles ne se contentent pas de la culture, elles font également de la transformation. Les piments et les carottes sont conservés selon une technique ancestrale avec uniquement de l’eau de source, du gros sel et du jus de citron. Tout est naturel, sans aucun additif », constate Sarah. Pour ce qui est du pourpier elle a rapidement l’idée de le transformer en sauce pesto.
Durant son séjour à Touggourt, Sarah rencontre une autre femme qui prépare le célèbre Ras-el-hanout, ce mélange d’épices qui sert de condiment à de nombreux plats maghrébins. « Une recette que les femmes de sa famille se transmettent depuis cinq générations ». Cette experte en épices originaire de la ville d’Oued-Souf fait également du B’khour, un encens traditionnel qui est brûlé lors des cérémonies et des fêtes.
Sarah charge sa voiture de produits et rentre à Alger pour lancer la marque Doura à travers son entreprise Sois & Crée. Elle vend son stock d’épices et de condiments en bocaux en quelques jours. Surtout, elle parvient très vite à prendre des commandes auprès de plusieurs épiceries fines de la capitale. « Ce genre de commerce s’épanouit dans toutes les grandes villes depuis quelques années, ce qui confirme que les consommateurs sont à la recherche de produits du terroir de première qualité ».
Il faut aller à la rencontre d’autres femmes pour élargir la gamme de produits. Alors l’entrepreneure reprend la route pour se rendre à Timimoun (1300 km au sud d’Alger), afin de lancer un partenariat avec une famille d’agricultrices qui plante une variété de blé local et le transforme en couscous. Là aussi tout est fait de façon traditionnelle, de la récolte des céréales jusqu’à la semoule qui est moulue à la main dans un moulin de pierre. « En plus de ce couscous, elles font du Rob, une mélasse de dattes, très demandée pour ses qualités énergétiques. Ce qui est intéressant, c’est qu’une jeune femme de cette famille a compris à travers mon intérêt l’importance de préserver ce savoir-faire transmis par sa grand-mère. Elle a pris également conscience que leurs activités contribuaient à redonner confiance aux femmes, à les rendre plus autonomes financièrement et à leur offrir l’opportunité de transmettre leurs savoir-faire », confie-t-elle avec une certaine émotion. Après Touggourt et Timimoun, la quête de Sarah se poursuit. En ce début du mois d’avril, elle se prépare à gagner un village de Kabylie où des femmes cultivent le safran.
Des initiatives, la jeune entrepreneure en lance en permanence. Elle est actuellement sur un projet de banque de graines de différentes espèces d’Algérie et de Méditerranée. Son rêve ? Acquérir un terrain agricole pour y faire de la permaculture et créer une maison d’hôtes. En attendant, Sarah poursuit sa Doura à travers les régions d’Algérie.
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